Il rappelle cet épisode sur la base de ses souvenirs et de ses lectures.
« En mai 1940, les troupes anglaises doivent retarder l'avance de l'armée allemande afin de pouvoir embarquer le plus de soldats possible à Dunkerque et Bray-Dunes. Les envahisseurs durent affronter une forte résistance en Flandre maritime. À West-Cappel, ce sont les Welsh Guards, des Gallois, aux ordres du lieutenant-colonel Copland-Griffiths.
« Le 29 mai, l'ennemi, qui ne s'est manifesté dans la matinée que par quelques patrouilles, déclenche, au début de l'après-midi, une attaque par infanterie et chars sur les positions tenues par la deuxième compagnie. Au sud du village, le cinquième peloton reçoit le premier choc de cet assaut.
« Le lieutenant Lee Wellyn et plusieurs de ses hommes sont blessés. Malgré leur courage, les fantassins gallois sont bientôt débordés sur leur gauche par des forces supérieures. Ce que voyant, le capitaine Gurney, commandant la compagnie, donne l'ordre de repli dans le parc du château. Vers 15 h, les Allemands prennent pied dans West-Cappel.
« Bien que menacés d'encerclement, le capitaine Gurney n'est pas décidé à céder le terrain. Le château construit dans un style simili-féodal est solide. Les douves pleines d'eau qui le ceinturent en interdisent l'accès. Le parc boisé et en partie clôturé par un mur se prête à la défense. Les soldats organisés en point d'appui dans l'enceinte accueillent les assaillants par un feu nourri, leur infligeant des pertes sensibles, déchiquetant un hobereau prussien : le lieutenant-comte Von Werthern. La réplique est plus violente encore. Blindés et mortiers font pleuvoir les projectiles sur la position. Les blessés affluent dans les caves du château.
Deux chars dans le parc
« Les Gallois font preuve de la plus belle bravoure, mais ils ne peuvent empêcher deux chars de pénétrer dans le parc. Dans l'action, l'un des engins attaquant de l'est n'aperçoit pas la douve et glisse dans l'eau où il s'immobilise. Toutefois, son canon demeure braqué sur la façade arrière de l'habitation et continue à tirer à bout portant dans les fenêtres de l'entresol où des hommes font le coup de feu.
« Le lieutenant Daniel lance des grenades sur l'importun blindé qui vient de tuer son ordonnance tandis qu'il transportait un blessé sur une civière. Il ne parvient pas cependant à le réduire au silence. Le combat se poursuit avec acharnement, quand de nouveaux chars font irruption dans le parc.
« Les défenseurs se retranchent alors dans le château même. Il reste 35 hommes valides, toujours décidés à tenir jusqu'au bout. À la faveur de l'obscurité, les survivants quittent le château un à un en se glissant par une brèche.
« Dans la nuit, des hommes s'égarent et sont faits prisonniers. Vers 3 heures du matin, 23 rescapés seulement parviennent à franchir le canal de la Basse-Colme. Rien que dans l'enceinte du château, les Gallois ont eu 17 tués et les Allemands 22. »
Sur le territoire de West-Cappel, on compte 69 tués de l'armée britannique.